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Driss AÏT YOUSSEF interventions Médias

Revoir mon intervention sur BFM TV

J’étais l’invité il y a quelques jours de BFM TV pour évoquer l’élimination du leader d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri pour un drone de la CIA. 

J’ai indiqué à cette occasion que la CIA avait éliminé un idéologue et pas un chef de guerre. Autrement dit, son élimination ne changera ni la philosophie d’Al-Qaïda ni la stratégie sur le terrain. D’ailleurs, al-Zawahiri n’a aucun contrôle sur les organisations terroristes affiliées à sa mouvance en Afrique notamment au Maghreb et depuis peu au Sahel.

En réalité, un an après leur retrait d’Afghanistan, les USA entendaient signifier au régime taliban qu’il se réservait la possibilité de frapper sur leur territoire afin d’éviter à ce pays qu’il ne redevienne un repère de terroristes internationaux. 

A titre subsidiaire, je m’interroge sur la localisation précise du terroriste transmise à la CIA sachant que sa tête était mise à prix pour 25 millions de dollars. 

#terrorisme #Alqaida #Afghanistan #cia

https://www.bfmtv.com/international/driss-ait-youssef-docteur-en-droit-public-et-specialiste-des-questions-de-securite-dresse-le-portrait-du-chef-d-al-qaida-abattu-par-une-frappe-de-drone_VN-202208020231.html

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Une rencontre avec Ali Soufan

J’ai rencontré cette semaine, Ali Soufan, ancien agent du FBI considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du contre-terrorisme dans le monde.
Pour rapidement restituer son histoire, Ali Soufan est déployé au Yémen en 1998 pour traquer les terroristes d’Al Qaïda responsables des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Ses prévisions sur la préparation d’attentats d’ampleur aux USA se confirmeront pus tard.
Après les attentats du 11 septembre 2001, Ali Soufan sera en première ligne dans la traque du chef d’Al Qaïda, Oussama Ben Laden. La CIA très réticente à partager ses informations finira par lui remettre toutes les informations dont elles disposent contre cette organisation terroriste.
Par suite, il jouera un rôle décisif dans la traque du commandement d’Al Qaïda. Son action permettra de déjouer plusieurs tentatives d’attentats notamment en 2002 en Israël.
Son parcours est retracé dans la formidable série « The Lomming Tower » interprété par Tahar Rahim.
Notre rencontre était l’occasion d’évoquer l’état de la menace dans le monde avec un focus sur l’Afghanistan, la Turquie et l’intervention militaire française dans la bande Sahélo-saharienne.
Ce fut un réel plaisir de l’écouter dérouler ses analyses et ses prévisions.

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Driss Aït Youssef: intervention chez Europe 1

J’étais l’invité, il y a quelques jours, de la station Europe 1 au micro de Frédéric Taddeï pour évoquer les procès des attentats du 13 novembre et celui du cerveau des attentats du 11 septembre, Khalid Sheikh Mohammed.

J’ai analysé les différences dans la mise en œuvre de la justice judiciaire. En effet, alors qu’en France, le procès des complices et auteurs présumés des attentats du 13 novembre se déroule globalement dans de bonnes conditions devant une juridiction pour civils, aux USA, le procès devant un tribunal militaire prend une autre tournure. 

Après 15 années de détention dans la prison de Guantanamo, le principal accusé et ses avocats contestent les aveux extorqués en 2006 sous la torture à travers la technique contestée dite du « waterbording » qui consiste à mettre le détenu dans une situation de noyade.   

20 années après les attentats du 11 septembre, le principal détenu n’est toujours pas jugé. Son procès cumule les reports lassant les victimes et les familles de victimes. Cette situation risque de durer encore des mois voire des années.

En France, la célérité avec laquelle, la section anti-terroriste puis le parquet national anti-terroriste appuyé des services enquêteurs montrent combien notre réponse aux actes terroristes ne souffrent d’aucune improvisation.

Driss Aït Youssef   

https://www.europe1.fr/emissions/C-est-arrive-cette-semaine/frederic-taddei-avec-driss-hait-youssef-brice-teinturier-et-jean-victor-clerico-4066081

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Driss Aït Youssef – Sur l’élection de Donald TRUMP

Dans quelques jours, le 20 janvier, Donald Trump prêtera serment sur les marches du Capitole devant le président de la Cour suprême. Cette perspective inquiète une partie du peuple américain comme une partie du monde. En effet, la bouillante personnalité de Trump qui incarnera, demain, la première puissance du monde suscite autant la controverse que la crispation en raison de ses prises de position sur les plans environnemental et international – terme générique pour désigner la sécurité dans le monde.

À commencer d’abord par notre planète qui rappelons-le est menacé. Le réchauffement climatique, dont nous sommes responsables, bouleverse notre écosystème au point de déstabiliser des régions du globe. Cette situation engendre le déplacement de centaines de millions de personnes (250 millions d’ici 2050), causant ainsi d’innombrables victimes comme l’augmentation de la pauvreté des personnes les plus vulnérables (100 millions) consécutivement à de mauvaises récoltes dues à une plus grande sècheresse. Cela aura, si rien n’est fait, pour conséquence d’augmenter les prix des matières premières générant ainsi une hausse de la malnutrition notamment en Afrique. Par ailleurs, l’augmentation du niveau de la mer pourrait s’accompagner de la disparition de la Grande Barrière de Corail en raison de l’augmentation de la température de l’eau et l’acidification des océans ce qui aurait pour conséquence pour nos mers d’absorber moins de CO2. Si les COP 21 et 22 ont été des réussites politiques, les dirigeants du monde devront faire preuve de davantage de courage afin de poursuivre leurs efforts pour stabiliser le déclin de notre planète. Hélas, le président Trump a indiqué qu’il reviendrait sur certaines décisions qu’il juge trop restrictives. Sans jamais le nommer, il évoque, principalement, le décret présidentiel interdisant les forages en Arctique. Le futur président veut certainement satisfaire les appétits de son ami Rex Tillerson, PDG d’ExxonMobil qu’il entend nommer au Secrétariat d’État, l’équivalent du Ministre des affaires étrangères en France. C’est un très mauvais signal adressé aux défenseurs de l’environnement en raison de l’énorme projet de l’oléoduc Keystone d’ExxonMobil sans parler des intérêts de la compagnie pétrolière en Irak, Mexique et Venezuela. Si cette nomination est redoutée, légitimement, pour des craintes de corruptions d’un milliardaire aux ramifications colossales, elle doit, également, susciter l’inquiétude sur le plan environnemental. Ce qui est certain, c’est que Donald Trump assume clairement sa posture de climato-sceptique. D’ailleurs, la nomination probable de Scott Pruitt à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement éclipse tout malentendu sur le sujet. Ce lobbyiste s’est, régulièrement, distingué en tentant à plusieurs reprises de stopper les plans climats de la Maison Blanche.

C’est, donc, sur fond d’inquiétudes que le Président Trump prendra ses fonctions le 20 janvier prochain. Les grandes nations auront alors le choix entre poursuivre leurs efforts pour sauver notre planète ou céder aux sirènes de la croissance mondiale qui se traduirait comme un acte de renonciation majeure d’une vie meilleure pour nos enfants.

Ensuite sur le plan sécuritaire avec des initiatives qui risquent de déstabiliser une partie du monde. Pour Trump, les USA doivent se désengager de certains conflits peu importe leur rôle rompant dangereusement avec une tradition de gendarme mondial. Ensuite, le rapprochement des USA avec la Russie serait pour l’Europe une véritable tragédie tant le président de la Fédération de Russie semble déterminer à poursuivre sa conquête des Pays de l’Est comme l’annexion de la Crimée ou encore l’invasion de la Géorgie ayant permis à l’Ossétie du sud et l’Abkhazie de réclamer leur indépendance.

Par ailleurs, une alliance entre la Russie et les USA remettrait inéluctablement en cause l’avenir de l’OTAN. La grande perdante de ce rapprochement serait incontestablement l’Europe pourtant premier partenaire économique de la Russie.

Aussi, l’annulation des USA de l’accord conclu avec l’Iran sur la question du nucléaire ouvrirait une forte incertitude en raison des protestations légitimes d’Israël contre son voisin iranien toujours candidat à la provocation. Cet accord sur le nucléaire iranien disons-le imparfait permettait à tout le moins de stopper une course dangereuse à l’armement nucléaire du régime des Ayatollahs. La fin de cet accord conduirait l’Iran à réengager ses recherches nucléaires à des fins militaires ce que l’État hébreu n’acceptera certainement pas compte tenu des menaces dont elle fait régulièrement l’objet de la part de l’Iran via sa milice terroriste, le Hezbollah. L’Arabie-Saoudite bien que dans le collimateur des USA devrait saisir cette occasion – inespérée – pour tenter de retrouver grâce auprès de Trump en appuyant comme elle le fait déjà Israël dans son rapport de force contre l’Iran. Reste à savoir ce que fera la Russie, nouvel allié des USA, et actuel allié de l’Iran.

Enfin, le risque – rarement évoqué – viendrait certainement de la Chine. Pendant sa campagne, le président Trump a, souvent, accusé l’Empire du milieu d’être le responsable de la situation économique dégradée aux USA. L’échange téléphonique improbable entre le futur locataire de la Maison Blanche et la présidente de Taïwan a passablement agacé la Chine déclenchant des protestations officielles auprès du Président Obama. Cette provocation a convaincu la Chine de poursuivre sa course à l’armement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, la Chine dépense toujours plus sur le plan militaire avec un budget d’environ 130 milliards de dollars soit deux fois que le budget des armées russes. Pour ne rien arranger, plusieurs Pays comme Taïwan, la Corée du Sud ou encore le Japon seraient, directement, menacés par le retrait de la scène internationale des USA.

Pour conclure, l’élection de Donald Trump pourrait précipiter le monde dans de graves crises, économique, environnementale et sociale. Le renoncement des USA signerait la fin programmée d’un monde bipolaire équilibré animé par les USA et la Chine pour un monde multipolaire dominé par des nations aux intérêts convergents étant entendu que ces nations seraient des outils de puissants au service,exclusivement, de puissants.