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Driss Aït Youssef – Attentats de janvier 2015

Mercredi 7 janvier, deux terroristes pénètrent dans les locaux du journal Charlie Hebdo pour tenter de décapiter la direction du journal. Le bilan est très lourd : 11 personnes ont été sauvagement assassinées. Dans leur fuite, les deux terroristes ont abattu un policer qui tentaient de les arrêter.

Jeudi 8 janvier, une policière municipale est également abattue par un autre terroriste membre du même réseau que celui des frères Kouachi à l’origine, eux, de l’attentat contre les journalistes de l’hebdomadaire, la veille.

Vendredi 9 janvier, une prise d’otage a eu lieu dans une épicerie casher. Le bilan est, également, très lourd puisque 4 personnes seront tuées dès le début de la prise d’otage. Elles seront assassinées parce que juives.

Ces événements d’une exceptionnelle gravité ont plongé la France dans un état de choc sans précédent. Sous l’impulsion très forte des citoyens, la classe politique, dans son ensemble, s’est rassemblée pour exprimer d’une même voix, avec les français, le refus de la barbarie, leur attachement à la liberté d’expression mais aussi à la liberté de vivre tous ensemble au même endroit quelque soit les origines culturelle, cultuelle et sociale.

Pari gagné, le samedi 10 janvier, près de 4 millions de personnes sont descendus dans la rue pour manifester ou plutôt se rassembler afin de communier un moment. L’Histoire retiendra, sans aucun doute, la hauteur d’esprit et la dignité des français.

L’analyse de ces événements montrent plusieurs choses. D’abord, ces drames commis par des français (même s’il s’agit de terroristes) en France pose la question de l’assimilation des valeurs républicaines dès le plus jeune âge. Cette référence se conjugue avec l’apprentissage de notre histoire récente. Il paraît aujourd’hui indispensable pour survivre de projeter notre passé dans l’avenir. La simple évocation de frères juifs obligés de se cacher dans une chambre froide au sous sol pour fuir leur assassin est insupportable. Elle génère une douleur et une rage incommensurable et surtout inconsolable.

Ensuite et sans anticiper un débat politique qui devra se produire afin de tirer de vraies conséquences à ces attentats, il paraît indispensable de repenser notre modèle politique et surtout nos rapports avec le monde extérieur. En effet, si la menace est bien chez nous, il devient urgent de traiter nos conflits avec pragmatisme et discernement afin d’éviter que des jeunes sans repère ne basculent dans le terrorisme. Le monde a changé, l’époque ou les voyous commettaient des forfaits pour financer le terrorisme international est révolue. C’est bien le contraire qui se produit aujourd’hui même si la frontière entre le banditisme et l’extrémisme national reste poreuse.  Par ailleurs, le soutien de notre Pays à des mouvements de rebelles génère une certaine légitimation du jihad contre des dictateurs qui ont pourtant protéger des minorités religieuses dans leur Pays.

Il nous faudra repenser nos prisons pour affronter une réalité moins avouable, celle de la radicalisation de ses détenus. Par ailleurs, il faudra s’interroger sur l’échec de la réinsertion des détenus car c’est bien l’un de ses objectifs. Cette donnée est à mettre en perspective d’un système carcéral qui ne fait, hélas, plus peur.

La prison intervient quand l’éducation a échoué. Il est impératif de remodeler notre offre éducative pour faciliter aux décrocheurs scolaires leur insertion professionnelle. La déscolarisation est l’antichambre de la délinquance qui elle-même est l’antichambre du terrorisme.

Enfin, les forces de sécurité publique ont fait preuve d’un courage et d’un travail remarquables. Elles ont payé, une fois encore, leur dévouement à la Nation. Le débat visant à leur attribuer davantage de moyens ne paraît en rien excessif.  La sécurité publique est, aujourd’hui, la police de l’urgence. Elle n’intervient, elle, quand la prévention a échoué. Il ne peut, par voie de conséquence, y avoir de miracle, hélas.

La liste des actions envisageables n’est en rien exhaustive. Elle nécessite simplement une convergence d’actions de tous les hommes et les femmes politiques de notre Pays désireux de reconstruire une France abimée par une série d’attentats. Le danger reste devant nous. Affronter ces épreuves avec Force et Honneur nous rendra plus fort comme ce dimanche 11 janvier. Ce qui fait la force d’un Pays comme la France c’est sa détermination. Sa détermination à affronter les épreuves dans la dignité et dans le respect de nos valeurs républicaines.

Vive la France.